Edgar Quinet a mené l’une des plus brillantes carrières du XIXe siècle, comme philosophe, poète, historien et homme politique éclairé. Né le 17 février 1803 dans la maison Varenne de Fenille, rue Samaritaine à Bourg-en-Bresse, il sera professeur au Collège de France avant de devenir député, après la Révolution de 1848, et de représenter l’Ain à l’Assemblée constituante, puis législative.
Exilé après le Coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte, il fréquente les milieux intellectuels et universitaires et s’implique dans les mouvements nationaux de Roumanie et de Hongrie. Revenu en France et élu à l’Assemblée nationale en 1871, il publie L’esprit nouveau avant de mourir à Paris le 27 mars 1875.
La première statue érigée en l’honneur d’Edgar Quinet par sa ville natale est inaugurée le 14 mai 1883, d’abord à l’extrémité du jardin des Quinconces, dans le square éponyme, à l’emplacement du Monument aux Morts actuel.
La statue, dressée sur un imposant socle de pierre blanche, est l’œuvre d’Aimé Millet. Fils du miniaturiste Frédéric Millet, ce sculpteur est né à Paris le 28 septembre 1819 et mort le 14 janvier 1891. La statue lui a été commandée en février 1882. Une répétition en bronze a été présentée au Salon de 1885, et une autre en plâtre bronzé à l’Exposition Universelle de 1889.
La statue fut déplacée en 1925 sur l’actuelle place Edgar Quinet, au cœur de la ville, pour laisser place aux travaux d’érection du monument commémoratif de la Première guerre mondiale, sculpté par Alphonse Muscat.
En 1943, la statue de Quinet disparaît, enlevée pour être fondue par les Allemands. Le 11 novembre de cette même année, à l’initiative du colonel Romans-Petit, chef des maquis de l’Ain, des actes de résistance s’organisent à travers le département. Bien que moins connu que le défilé des maquisards à Oyonnax, un acte de bravoure marque la population de Bourg-en-Bresse : André Lévrier et un groupe du maquis érigent un buste de Marianne sur le socle laissé vide de la statue disparue. Au-dessous des initiales R(épublique). F(rançaise), une croix de Lorraine est peinte sur une bannière tricolore suspendue et l’inscription « Vive la IVe » inscrite sur la pierre blanche. Ces symboles resteront en place de 6 h à 11 h du matin, aucun employé municipal n’ayant voulu « déposer la République ».
Si la statue n’est connue aujourd’hui que par des photographies, son socle d’origine a été retrouvé et remonté en 1987 dans la cour du lycée Edgar Quinet. A l’occasion du centenaire de l’établissement en 1988, une nouvelle statue est installée. Résolument moderne et réalisée en ciment aluminé par l’artiste Martine Clerc, elle montre le philosophe debout à côté de son piédestal.