Il n’était pas très difficile, je pense, d’identifier le clocher de Vieu-en-Valromey : sa forme et les matériaux utilisés (le tuf) en font un ouvrage unique et donc aisément reconnaissable. Le petit hameau, au nom composé, était Vaux-Morets. Le mieux était de laisser votre voiture là et de continuer à pied en suivant le sentier balisé en bleu.
Au terme de la balade, on se trouve nez-à-nez avec un phénomène géologique bien curieux : la bien-nommée Source du Groin. A la saison sèche, c’est un vaste entonnoir qui s’enfonce en biais sous la colline ; limité au nord par une paroi violacée en hémicycle, au sud par une pente de sable mêlé à de minuscules galets bruns polis et curieusement brillants. Quel autre nom aurait-on pu donner à ce site qui évoque instantanément l’empreinte qu’aurait laissée dans le sol le mufle d’un monstrueux dinosaure ?
D’un point de vue plus scientifique, le site est une source vauclusienne. La vasque où l’eau ressurgit de façon intermittente, s’ouvre sur une dizaine de mètres dans du calcaire valanginien. La source est l’exutoire d’un siphon karstique de plus de 2 200 mètres de long et 40 mètres de dénivelé. Le réseau dont elle fait partie draine les eaux du plateau du Retord et du Haut-Valromey. Lorsque le siphon s’amorce, une remontée d’eau jusqu’à 15 mètres peut s’effectuer et le débit peut atteindre 30 m3/s.
La période sèche favorise la formation de points d’eau dans le lit du groin. Ces poches, vasques ou autres marmites sont très favorables à certaines espèces rares comme le sonneur à ventre jaune. Ce crapaud qui mesure moins de 5 cm affectionne ce milieu ensoleillé, dépourvu de poissons et pauvre en autres espèces d’amphibiens.
L’été est aussi une période favorable pour les spéléologues. L’un d’eux, en plongeant dans les entrailles de la source du Groin, a publié cette superbe vidéo !