Le site suivant était situé à moins de 3 kilomètres à vol d’oiseau au sud est du Pont des Tines. Le point de départ était la fontaine de Poisieu qu’il fallait reconnaître sur la photographie n° 2.
Le hameau de Poisieu, situé lui aussi sur la commune de Champagne-en-Valromey, constitue un remarquable ensemble architectural. On s’étonnera de son calvaire aux proportions étranges : la base semble être un couronnement de colonne, remploi d’un matériau romain.
Le support peut être du XIIIe siècle. Il n’y a pas de fût : la croix est posée directement sur ce support et elle ne remonte sans doute pas au-delà du XVIe siècle. A proximité, on découvre un magnifique four banal, vestige de la féodalité : en effet, le seigneur local était contraint de l’entretenir et les habitants du village étaient tenus de s’en servir en s’acquittant d’une redevance. Non loin de là, un « travail » identique à celui de Lilignod. Enfin, notre fontaine est un bel ouvrage fruste qui pourrait dater du XIIe ou du XIIIe siècle. Elle recueille l’eau d’une source qui ne tarit jamais. Elle est construite en pierres grossièrement taillées et recouverte de larges dalles calcaires. Elle s’ouvre à l’ouest par une voûte en arc brisé. Le trop-plein se déverse dans un bac en pierre puis rejoint une petite retenue d’eau en contrebas.
Depuis la fontaine, il fallait remonter par la D 30 en direction de Brénaz. Un panneau indicateur vous invitait à emprunter un petit chemin qui longe une paroi calcaire. Quelques marches d’un escalier métallique et vous voilà arrivés dans une reculée aux allures de nef d’église. Au fond de cet amphithéâtre naturel, un curieux piton de tuf monte jusqu’à la barre calcaire en surplomb. Tout en haut, la Bèze privée de lit jaillit et se précipite sur la stalagmite pour glisser lentement sur ses parois verdâtres. Cette concrétion de 6 mètres de haut, formée au cours des millénaires, se dresse au-dessus d’une vasque naturelle assez profonde.
Le tuf, également appelé travertin, est une roche calcaire. Elle provient des ions carbonate contenus dans l’eau qui a précipité. En se formant, la roche emprisonne des végétaux et de petits coquillages. Poreux et léger, le tuf est une roche facile à débiter et à travailler. Elle a été jadis utilisée pour la construction de maisons ou d’édifices religieux. De nombreuses carrières de tuf ont été exploitées dans le Valromey. La dernière se situait au moulin de Bergon, juste au-dessous du Pain de Sucre. Ne cherchez pas de belles roues à aubes mues par le torrent, le moulin a cessé de fonctionner en 1959. M. et Mme Vignand ont été les derniers meuniers du Valromey.
Depuis le Pain de Sucre, on pouvait longer la haute falaise qui borde la rive droite de la Bèze. Un sentier, aujourd’hui disparu, serpentait à travers les buis et vous conduisait à une faille rocheuse creusée il y a bien longtemps par la rivière sur plusieurs centaines de mètres. Cette passerelle naturelle est un lieu de promenade bien connu des Valromeysans. Le panorama sur le val de la Bèze y est magnifique. Le site abritait une vaste et pittoresque dalle rocheuse : le Banc des Dames, surnommé ainsi parce que l’on dit encore que les femmes de la bourgeoisie locale aimaient venir y discuter. Je dis « aimaient », car cette dalle n’est plus, malmenée il y a un peu plus d’un demi-siècle par des vandales qui ont eu la richissime idée de basculer la dalle dans le ravin où elle s’est trouvée brisée en plusieurs morceaux.
Le site n’a pas été débaptisé pour autant et l’on continue de se promener le long de cette corniche où un authentique banc a remplacé l’ancienne dalle. L’accès se fait aujourd’hui par une petite route qui part du centre de Poisieu.