Au pied des collines du Revermont et s’étendant vers la plaine de Bresse, le village de Meillonnas réputé pour la qualité de sa terre à poterie, est associé à une longue tradition de fabrication de céramique.
A la fin du XVIe siècle, Meillonnas est connu pour ses poteries vernissées, notamment le « service vert » diffusé dans toute la région. Aujourd’hui encore, des toponymes évocateurs attestent la présence d’anciens sites de production, comme le hameau des Tupinières (« tupin » : pot en terre cuite).
Ancien bourg fortifié, Meillonnas possède un château probablement construit vers 1350 par le fils d’Humbert de Corgenon, bailli de la Bresse. Du XVe au XVIIIe siècles, il appartient à la famille de Seyssel qui le vend en 1740 à Nicolas de Marron. Son neveu, le baron Gaspard de Marron de Meillonnas épouse en 1752 à Dijon, Anne Marie Carrelet de Loisy, fille du receveur général des Finances de Bourgogne.
Femme de Lettres influencée par l’esprit des Lumières, elle est une tragédienne réputée. Elle écrit également des poèmes, des comédies et entretient une correspondance avec Voltaire. La tradition lui attribue un rôle important dans le développement de la manufacture et une certaine influence dans la création des décors.
C’est vers 1760 que le baron et son épouse, animés par l’esprit d’entreprise des nobles provinciaux, créent une faïencerie dans leur domaine. Rapidement, la direction de la manufacture est confiée au maître Claude Gautherot qui donne un essor considérable à la production. On lui doit le célèbre motif de la « rose manganèse ».
L’arrivée de Protais Pidoux ouvre une période prestigieuse. Figure des plus célèbres de l’histoire de la faïencerie française, il porte le titre fort rare de « Maître peintre » soulignant son talent exceptionnel. Venu de Suisse, il travaille successivement dans 5 manufactures françaises dont Meillonnas entre 1763-1766. Même si on ne peut lui attribuer qu’une seule pièce signée et datée, sa présence marque l’apogée de la production de « petit feu » à Meillonnas. Sous sa direction, la manufacture connaît une croissance extraordinaire.
Quand le baron et son épouse quittent le village pour s’installer dans leur nouvel hôtel particulier à Bourg (actuel H2M, rue Teynière), ils afferment la faïencerie à Joseph Augustin Maurel, originaire de Moustiers, puis à son frère, Honoré Maurel, de 1772 à 1815. La production s’oriente vers des objets de consommation courante plus modeste en qualité.
Le baron de Meillonnas meurt en 1785, léguant le château et son titre à son fils Antoine Bernard Constant de Marron. Dès le début de la Révolution, il cherche à sauver la manufacture et le château promis à la destruction. Arrêté, il laisse sa tête sur l’échafaud à Lyon le 26 pluviôse de l’an II (14 février 1794). La production de faïences reprend dès 1795 grâce à sa veuve.
Au XIXe siècle, de nouvelles techniques sont expérimentées comme la faïence brune, la terre de pipe, le grès et la porcelaine. Après la mort du dernier peintre en 1845, Georges Laurent Raymond, la fabrique abandonne la faïence mais continue à produire jusqu’aux environs de 1870 des grès et de la terre vernissée. Aujourd’hui, cette tradition est perpétuée localement par l’atelier familial de Nicole Reverdiau et son fils Jean-François.