D’abord petite bourgade gauloise au IIe siècle av. J.-C., située sur un axe de commerce et de circulation très ancien, Izernore va connaître un essor important après la conquête romaine.
Entre le Ier et IIIe siècle de notre ère, Isarnodurum se développe et prospère, devenant la seule agglomération antique connue à ce jour dans le Haut-Bugey. La présence d’aménagements publics imposants (des voies, un temple, des thermes), de quartiers d’habitations et de villae périurbaines laisse imaginer l’importance et la richesse de ce vicus gallo-romain.
Les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César, constitué de 7 livres, reprend les notes prises par César au fur et à mesure de la Guerre des Gaules (- 58 à – 52 av. J.C). Ces rapports, rédigés en partie avec ses lieutenants, étaient envoyés au Sénat qui, depuis Rome, surveillait l’activité des proconsuls tels que César. La copie la plus ancienne de cet ouvrage est d’époque carolingienne, ce qui en fait l’une des plus anciennes copies complètes de l’Antiquité classique.
Il est aujourd’hui admis, quasi-unanimement, que le site de la bataille d’Alésia se situe à Alise-Sainte-Reine en Côte-d’Or, où un musée de site a récemment ouvert.
Le sujet a pourtant fait couler beaucoup d’encre depuis le XIXe siècle, de nombreux auteurs livrant diverses interprétations des détails cités dans le texte de César.
Le site d’Izernore a été souvent proposé comme lieu possible de la bataille, d’abord par Jacques Maissiat en 1865,puis dans les années 1930 par Férréol Butavand, ingénieur polytechnicien originaire du village proche de Nurieux-Volognat. D’autres érudits défendirent cette thèse, comme Alexandre Bérard en 1906. D’après ce député de l’Ain, membre de l’Académie des inscriptions et belles lettres, Alésia se serait élevée sur le plateau occupé actuellement par Izernore.
En 1985, Jean-Yves Guillaumin s’attache à expliquer l’arrière-plan des querelles ou controverses relatives à la localisation d’Alésia. Il indique que seuls 3 sites (Alise-Sainte-Reine, Alaise et Chaux-des-Crotenay) ont fait l’objet d’études et de débats de niveau national. Plus récemment, Elisabeth Rabeisen , conservateur du Musée d’Alise-Sainte-Reine, fait en 1999 un inventaire “à la Prévert” et provocateur de tous les sites postulant à être « des Alésia » : 3 850 ont été recensés ! Elle cite par exemple Alès, Alièze, Château-Chalon, Conliège, Novalaise, Izernore, Chaux-des-Crotenay, Ornans, Aloise…
Les vestiges d’un temple antique sont les seuls témoins visibles de nos jours de l’architecture monumentale d’Izernore. Il était situé à l’écart du vicus, à côté des thermes.
Les recherches archéologiques, engagées dès 1784, ont mis en lumière l’existence de deux temples successifs.
Une structure plus ancienne aurait été enveloppée par un nouvel édifice au IIe siècle de notre ère. De ce dernier subsistent aujourd’hui trois piliers d’angle à colonnes engagées, atteignant neuf mètres de hauteur conservée, ainsi que les murs de fondation de la cella et de la colonnade qui entourait le temple. Les études ont permis de retrouver quelques éléments de décor, notamment des fresques aux couleurs vives (bleu sur fond rouge) représentant des feuillages et des figures humaines.
Le sanctuaire a vraisemblablement été détruit lors des invasions barbares qui ont touché le Bugey dans les années 370-375.
Le plus ancien texte mentionnant ce monument date du début du VIe siècle et décrit un temple « en partie détruit ». Samuel Guichenon en 1650 constate que seules trois colonnes et la base d’une quatrième subsistent. Ces vestiges sont toutefois remarquables pour la région et inspirent des artistes romantiques comme Hubert de Saint-Didier et Fragonard fils.
Différentes campagnes de fouille se sont succédées autour du temple, mais il reste cependant assez mal connu. La divinité pour laquelle il a été bâti reste un mystère. Les archéologues penchent pour Mars ou Mercure, qui sont les dieux les plus honorés dans la région. Les vestiges ont été classés au titre des Monuments Historiques en 1840.
Le musée archéologique d’Izernore conserve et présente les résultats des fouilles menées sur la bourgade antique d’Isarnodurum. Créé en 1911 à l’initiative d’Emile Chanel, figure marquante du département pour ses travaux archéologiques et historiques, le musée bénéficie du label » Musée de France » depuis 2003. Il est le seul musée dédié exclusivement à l’archéologie dans le département de l’Ain.
Entièrement réaménagée en 2004, la muséographie invite les visiteurs à découvrir tout à la fois le travail de l’archéologue et les collections qui sont agencées par grands thèmes. Le parcours se développe sur 4 salles et propose d’accompagner l’objet archéologique depuis sa découverte sur le chantier de fouilles jusqu’à son exposition.
Pour voir la présentation du dépliant du musée : Isarnodurum – 2,4 mo – PDF